On vous a souvent présenté la danse comme étant le sport d’excellence, ouvert à tous et complet. Pourtant on entend encore ce genre de phrases :
- Une personne en fauteuil roulant ne peut pas danser
- Il n’est pas possible d’être un professionnel de danse lorsque l’on est atteint d’un handicap
- Les cours de danse inclusifs ne sont pas intéressants pour les personnes valides
- La danse n’est pas adaptée à tout type de handicap
▶▶▶ FAUX ◀◀◀
La danse est effectivement accessible à tous, même à ceux en situation de handicap et les raisons qui l'expliquent sont nombreuses et se multiplient encore de nos jours.
Danser son handicap
Aucun handicap n’empêche la danse
Contrairement aux idées reçues :
- Un unijambiste peut danser.
- Tout comme une personne aveugle ou en fauteuil roulant.
- Le fait est qu’on ne voit la danse qu'avec le besoin de deux bras et deux jambes pour danser, sans quoi rien n’est possible.
Cette idée est fausse et particulièrement violente pour le grand nombre de danseurs handicapés qui existent aujourd’hui !
L’atout majeur de la danse, et ce pourquoi elle est ouverte à tous, c’est qu’elle est malléable, modulable en fonction de son pratiquant et de son style. Quelqu’un en fauteuil roulant n’ira certes pas danser un tango enflammé dans son sens strict et classique. Mais une adaptation adéquate permet non seulement aux handicapés d’accéder à la danse de manière générale et plus encore : de ces adaptations naissent de nouveaux styles de danses, propres aux handicap ou non, qui viennent d’autant plus enrichir la grande variété de types différents qui composent la famille de la danse.
▶ Adapter la danse au handicap c’est accepter de faire évoluer un sport dans son meilleur sens, en tirer son essence même pour la faire profiter au plus grand nombre.
▶ ▶ C’est une manière de transformer l’art, d’en faire quelque chose de profondément humain et égalitaire.
En 2017, une vidéo publiée sur YouTube avait eu un impact particulièrement fort sur la vision de la danse que beaucoup avaient. Intitulée “Si tu le veux…” et créée par deux Montpelliérains (Lou Bruston et Nathan Cohen).
Elle met en exergue ce gommage des différences et l’universalité de la danse, jetant un premier pavé dans la marre des danseurs professionnels invalides.
Évidemment, tout handicap n’est pas égal et un aveugle ne pratiquera pas de la même manière qu’une personne en fauteuil roulant ou sourde. Mais plus qu’être une faiblesse, il s’agit là d’une réelle force qui pousse non seulement les pratiquant à chercher au plus profond pour faire resurgir de nouveaux styles, de nouveaux mouvements qui sauront coller à chacun sans qu’il n’ait lui-même à s’adapter.
▶ ▶ ▶ La danse est belle car elle s’adapte à ceux qui la pratiquent sans qu’eux n’aient à changer drastiquement leur manière d’être ou de vivre leur handicap.
La danse inclusive : une solution pour unir les passionnés
C’est l’occasion pour tous d’échanger connaissances et théories, discuter de leur manière d’appréhender la danse et la transformer, parfois totalement, pour en faire un art qui sublime le handicap.
Si certains diront qu’infliger à des personnes saines le poids d’un compagnon de danse handicapé est un fardeau, les faits sont tout autres et nombreux sont les danseurs qui reconnaissent ressortir grandis de tels cours.
Ceux-là oublient également un élément important : s’ils ne voient cette activité que par leur prisme de personne saine, ils ne considèrent pas qu’il peut également être très difficile pour une personne handicapée de s’intégrer à un groupe typique.
"Un autiste, par exemple, aura probablement une grande appréhension quant au fait de se joindre à d’autres, de les écouter et de les imiter, voire parfois de se faire toucher et manipuler au cours de certains exercices." Emma, 24 ans, sœur du petit Louis, autiste.
▶ Les personnes en situation de handicap ont généralement l’habitude d’un contact avec un groupe restreint de personnes, qui sont chargées de s’occuper d’elles.
Dans un article de Vie Sociale et Traitements (n°96, 2007), la chorégraphe et danseuse Isabelle Brunaud affirmera cela :
"Certains me voyaient comme une infirmière qui pouvait les débarrasser de leurs tensions… À mon sens, cela relevait d’un conditionnement. Leur rapport à leur propre corps était en quelque sorte « instrumentalisé ». La danse pouvait alors leur fournir la possibilité de mieux s’habiter."
▶ ▶ Adapter la danse à un handicap c’est aussi faire en sorte que la personne puisse se sentir de nouveau maîtresse de son corps.
▶ ▶ ▶ Placer des personnes valides en compagnies d’invalides c’est encourager cette redécouverte du corps, c’est encourager le fait que tous sont égaux et que, malgré les différences physiques ou mentales, on peut tous s’accorder à faire une même chose, une même passion qui guide les pas, les gestes et les valses.
Depuis quelques années les cours de danse inclusive se multiplient en France et dans le monde, mais ne possèdent toujours pas la reconnaissance qui leur est dûe : encourager ces cours et ces initiatives c’est encourager une insertion sociale de ces personnes qui peuvent facilement se retrouver rejetées par une société trop effrayée par les différences. La danse a ce don d’effacer ces différences, de gommer les limites de chacun pour pouvoir peindre la plus belle des chorégraphies.
Le handicap et la danse professionnelle : une histoire d’amour fusionnelle
Apprendre la danse aux personnes handicapées
Les réelles formations accessibles aux professionnels qui destinent à savoir apprendre la danse à un handicapé sont encore assez rares, mais elles ne sont cependant pas inexistantes.
▶ L’aspect profondément humain de la danse est universel et chacun mérite de pouvoir l’expérimenter.
Les recherches sur ces questions se font de plus en plus nombreuses et précises. On sait aujourd’hui quelle danse préconiser et adapter en fonction du handicap, de la même manière que de nombreux exemples prouvent que personnes valides et non-valides peuvent évoluer ensemble, sur une même piste dans une parfaite cohésion et harmonie.
L’exemple le plus parlant reste celui de la compagnie anglaise Candoco, qui mêle valides et invalides depuis 1991 dans une harmonie parfaite, menant à de sublimes spectacles où le handicap s’efface : la place est à la danse, à l’art et non aux différences; danser c’est accepter l’unité d’un groupe pour le pousser à son maximum.
De grands professionnels de la danse sont invalides
Viktoria Modesta : la danseuse unijambiste
Et ils sont nombreux, ces derniers, possédant des talents aussi divers qu’hors-normes : Vikoria Modesta est une danseuse unijambiste mais aussi mannequin et danseuse au Crazy Horse, ayant réussi à faire de son handicap une réelle force. Sa prothèse, loin d’être un fardeau, lui sert de support artistique, se basant sur elle et la transformant en oeuvre d’art unique.
Dergin Tokmak : l'acrobate
Dergin Tokmak est un allemand ayant perdu le contrôle de ses jambes dès le plus jeune. Faisant preuve d’une force d’esprit incroyable, celui-ci apprit à marcher sur les mains et à transformer ce talent en danse : il est aujourd’hui danseur professionnel de breakdance et qui possède son propre groupe, DA F.U.N.K.
Florent et Justin : le duo incroyable
Florent Originaires de Belgique, Florent Devlesaver, 31 ans et Justin Collin, 24 ans, dansent ensemble depuis quelques années. La particularité de leur duo est que Florent est en fauteuil roulant. Victime d’un accident en 2002, le jeune homme a toujours aimé la danse.
En 2011, il décide de pousser les portes de l’école de danse Carine Granson à Marche-en-Famenne (région wallonne). Il y rencontre Justin, jeune danseur avec qui le courant passe très vite. En 2017, ils décident de pousser les portes de l'émission La France a un incroyable talent. C'est avec ce talent et cette charge d'émotion que le duo partira directement en finale !
▶ Oui la danse est accessible à tous.
▶▶ Oui, tous.
Elle possède cela de magique qu’elle s’adapte à ses pratiquant et offre l’occasion d’échanges humains qui n’auraient peut être jamais été possibles autrement.
▶▶▶ Accepter que la danse puisse être pratiquée par tous c’est reconnaître ses grandes vertus et la considérer comme la quintessence de ce dont les rapprochements humains sont capables quand une passion les unis tous.