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MasterClasse sur Uptown Funk

Suite aux excellents retours de ma première MasterClasse de musicalité, je continue et signe avec un nouvel article détaillé sur une chanson qui selon moi nécessite que l’on s’y attarde, et ce pour deux raisons.

La première raison est la gigantesque popularité de cette chanson à sa sortie, et encore aujourd’hui, ce qui la place au rang d’incontournable de la musique pop, mais également des soirées Rock 4 Temps.

La deuxième raison est la richesse musicale de ce morceau, son peps, sa fraîcheur, qui ont pour cause une structure musicale singulière, très intéressante à décortiquer et à analyser afin d’en déceler toutes les subtilités.

C’est pourquoi je propose ici un travail en profondeur sur cette chanson, avec tout d’abord la comparaison entre la structure usuelle des musiques mise en application avec Uptown Funk en particulier, puis d’identifier les accents et les singularités rythmiques de cette chanson, enfin d’expliciter comment la danser, avec pour support la vidéo réalisée à mes cours avancés de Rock Télécom Paris.

Partie 1 : Analyse de la structure des phrasés musicaux de Uptown Funk.

Prenons le cas particulier d’Uptown Funk de Mark Ronson avec un featuring de Bruno Mars.
Cette chanson a un battement par minute constant de 115 BPM, rythme plutôt calme pour une musique normale, mais avec l’intensité de cette chanson cela reste très sportif, je l’expliquerai plus loin.
Information à noter : la chanson est assez longue avec 4 min 31 sec, aussi il va falloir se donner pour tenir de bout en bout sans s’arrêter.

Comme explicité dans ma MasterClasse de Musicalité, rappelons la structure usuelle d’une musique :
INTRO, COUPLET, REFRAIN, COUPLET, REFRAIN, PONT, REFRAIN, REFRAIN, OUTRO

La structure d’Uptown Funk suit totalement ce schéma avec une subtilité supplémentaire, voyez plutôt :
INTRO, COUPLET, MONTÉE, REFRAIN, COUPLET, MONTÉE, REFRAIN, PONT, REFRAIN, REFRAIN (fin sèche)
32tps 64tps 32tps 48tps 64tps 32tps 48tps 80tps 48tps 64tps

A la lecture de cette structure, on pourrait déjà crier à l’arnaque : « Ouais, Cédric, tu expliques que toutes les chansons ont la même structure, tu prends la première chanson que tu as sous la main et PAF ! Ce n’est pas la même chose ! Il y a des montées qui sortent de nulle part, pas d’Outro, tu te moques de nous ! ».
On pourrait en effet voire les choses ainsi. Mais la découpe faite ci-dessus correspond aux paroles de la chanson. J’aurais très bien pu rassembler les couplets et les montées ou encore les montées et les refrains, ce qui doit très certainement être le cas dans la partition de la chanson. Cependant je trouve plus pertinent d’expliciter ces passages, et de les préciser une fois que l’on rajoute la surcouche des instruments et la surcouche des paroles.

Prenons les paroles et collons la structure au fil de l’avancement :

(INTRO avec des « Do do do »)
(COUPLET)
This hit, that ice cold
Michelle Pfeiffer, that white gold
This one for them hood girls
Them good girls straight masterpieces
Stylin', wilin', livin' it up in the city
Got Chucks on with Saint Laurent
Got kiss myself, I'm so pretty
I'm too hot (hot damn)
Called a police and a fireman
I'm too hot (hot damn)
Make a dragon wanna retire man
I'm too hot (hot damn)
Say my name you know who I am
I'm too hot (hot damn)
Am I bad 'bout that money, break it down
(MONTÉE)
Girls hit your hallelujah (whoo)
Girls hit your hallelujah (whoo)
Girls hit your hallelujah (whoo)
'Cause uptown funk gon' give it to you
'Cause uptown funk gon' give it to you
'Cause uptown funk gon' give it to you
Saturday night and we in the spot
Don't believe me just watch (come on)
(REFRAIN)
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch
Don't believe me just watch
Don't believe me just watch
Don't believe me just watch
Hey, hey, hey, oh
(COUPLET)
Stop, wait a minute
Fill my cup, put some liquor in it
Take a sip, sign a check
Julio, get the stretch
Ride to Harlem, Hollywood
Jackson, Mississippi
If we show up, we gon' show out
Smoother than a fresh jar of Skippy
I'm too hot (hot damn)
Called a police and a fireman
I'm too hot (hot damn)
Make a dragon wanna retire man
I'm too hot (hot damn)
Bitch say my name you know who I am
I'm too hot (hot damn)
Am I bad 'bout that money
Break it down
(MONTÉE)
Girls hit your hallelujah (whoo)
Girls hit your hallelujah (whoo)
Girls hit your hallelujah (whoo)
'Cause uptown funk gon' give it to you
'Cause uptown funk gon' give it to you
'Cause uptown funk gon' give it to you
Saturday night and we in the spot
Don't believe me just watch (come on)
(REFRAIN)
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch
Don't believe me just watch
Hey, hey, hey, oh

(PONT)
Before we leave
Lemmi tell y'all a lil' something
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up uh
I said uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Come on, dance, jump on it
If you sexy then flaunt it
If you freaky then own it
Don't brag about it, come show me
Come on, dance
Jump on it
If you sexy then flaunt it
Well it's Saturday night and we in the spot
Don't believe me just watch come on!
(REFRAIN)
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch uh
Don't believe me just watch
Don't believe me just watch
Hey, hey, hey, oh
(REFRAIN)
Uptown funk you up
Uptown funk you up (say what?)
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up (say what?)
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up (say what?)
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up
Uptown funk you up (say what?)
Uptown funk you up
(Fin sèche)

A la lecture des paroles on comprend bien la structure, et quelles parties se répètent indéniablement, d’où la découpe en montées séparées des refrains, puisqu’après le pont les « Halleliuah » disparaissent. J’assume donc cette répartition, permettant également de mieux cerner l’esprit de la chanson.

Cette structure décortiquée ici permet de bien comprendre les limites de la théorie, et à quel point l’analyse au cas par cas est importante, surtout pour concevoir une chorégraphie.

Partie 2 : Identifier les accents et les singularités rythmiques.

Cette partie nécessite obligatoirement de rentrer dans le détail, non pas uniquement des paroles, mais également de la musique et des lignes de partition. Chaque portion de la chanson doit être analysée, brossée au peigne fin, en illustrant avec des mots / des images ce que l’oreille perçoit. C’est très ardu, d’autant plus lorsque l’on ne veut pas utiliser des partitions, totalement inaccessibles aux non musiciens.
C’est pourquoi j’ai choisi de représenter les phrasés comme des ensembles de 8 bâtons, où le premier bâton plus grand et en rouge marque le début de l’ensemble de 8 temps :

Afin de bien comprendre où on en est, j’ai rajouté les paroles en mettant le symbole […] lorsque le texte ne rentrait pas, ou décalait la correspondance entre le texte et le timing musical. Aussi le texte affiché correspond peu ou prou au moment où il est chanté.
Les paroles classiques sont placées sous les barres représentant les ensembles de 8 temps, et les paroles scandées de manière exceptionnelles, sur lesquelles on va pouvoir improviser en dansant sont placées au-dessus des barres.

Au long de cette illustration musicale, j’ai rajouté certains symboles détaillés ci-dessous :

Une belle illustration valant mieux qu’un long discours, voici pour vous la décortication complète d’Uptown Funk de manière à y identifier les accents et les rythmiques remarquables. Je vous conseille très fortement d’écouter la chanson en même temps que vous parcourez les blocs de 8 temps, les couplets, montées, refrains et ponts.




Analysons l’intensité des différentes parties :

  • L’INTRO et le PONT sont tous deux bien plus calmes que le reste de la chanson. D’où leurs couleurs froides.
  • Les COUPLETS sont régulièrement rythmés par des accents subtils, correspondant d’ailleurs avec la danse du clip.
  • Les MONTÉES marquent, comme leur nom l’indique, un crescendo puissant, continuant vers des temps marqués toutes les croches (2x plus rapide) et s’achevant sur un climax correspondant au début du refrain et un gros break.
  • Les REFRAINS s’organisent en 2 parties, d’abord marqués par le retour des "Do do do", puis avec l’arrivée de temps marqués toutes les doubles croches ("Tadatah Tadatah"), qui se rapprochent vers la fin pour intensifier le refrain.
  • La fin correspond à une tornade rythmique, s’achevant sur le 8ème temps du 64ème ensemble de 8 temps. L’intensification de la musique permet de clairement détecter cette fin pourtant sèche.

Voyons maintenant les accents, les breaks, les drops.
Comme on peut le remarquer, cette chanson est riche en éléments singuliers :

  • Ooooiaah !
  • Smack !
  • Hot Damn’
  • Down (drop)
  • Raah !
  • Tadatah Tadatah
  • STOP
  • Freeze
  • Whoo !
  • Come On !
  • Say What ?
  • Tatatatatata tadah
  • Raah Waooh !
  • Tadadada Tatadah Dah

Il est important de noter également que les accents / breaks / drops sont tantôt sur le 8ème temps ("Smack !" et "Down" du couplet), tantôt sur le 1er temps (Commencement et "Raah !" dans le refrain). Il faut donc être bigrement vigilent pour ne pas se faire surprendre par ces accents.

Une fois la musique analysée en profondeur, entre intensité et moments singuliers, réfléchissons à faire correspondre danse et musique de la manière la plus pertinente possible.

Partie 3 : Correspondance entre musique et jeux de scène en dansant

L’objectif de cette partie n’est pas de créer une chorégraphie. Je souhaite bel et bien me concentrer sur de la danse libre, sociale, où l’on ressent à deux le plaisir de danser sur une musique que l’on apprécie.
Cela dit, voyons quels types de mouvements correspondent à quelle partie de la chanson.

Pour l’introduction, je vous conseille de danser calmement, en prenant vos marques avec la danseuse. Marquer le rythme jusqu’à le ressentir intérieurement, et bien identifier les blocs de 8 temps grâce au texte et aux élans de la musique, voici l’objectif d’une introduction telle que celle-ci.

Dès le premier couplet, les accents sont clairement funs et peuvent créer un jeu entre les deux partenaires. S’embrasser sur le "Smack !", bomber le torse fièrement sur les "Hot Damn’", tenter des tombés sur les accords de guitare, il est possible de s’éclater dès le couplet, sans attendre le refrain.

Au moment de la montée, l’intensification de la musique doit se ressentir dans la danse. Enchaîner les tours, entamer des mouvements qui peuvent se répéter en boucle, il faut retranscrire cette montée musicale, jusqu’au climax de fin de montée.

Pendant le refrain, étrangement la musique se calme relativement au début. Mais les accentuations rythmiques avec les "Tadatah Tadatah" redonnent vite du peps à cette partie.

S’il y a UN moment à ne pas rater, c’est le break suivi d’un Freeze entre le 1er refrain et le 2ème couplet. Quel que soit le mouvement en cours, que l’on ait anticipé ce moment ou non, il faut s’arrêter totalement, se geler sur place.

La danse reprend ensuite en respectant les élans explicités ci-dessus.

Je tiens à préciser que certains accents précisés ici sont difficiles à respecter : les"Do do do", les "Come On !" et les "Say What ?" étant vraiment au second plan, il est plus ténu de les marquer tant avec les pieds qu’avec les bras, et si on y arrive, la danse peut devenir difficilement compréhensible : « Mais il cherchait à danser sur quoi en fait ? ». Attention à ne pas tomber dans l’excès au risque de vous perdre dans les pas / les gestes / l’intention initiale.

Maintenant que cette chanson n’a plus de secret technique pour vous, je vous invite à regarder ma modeste improvisation avec Johanne, postée sur le groupe Facebook Rock 4 You.

Je vous remercie de votre attention durant la lecture de de pavé, et je suis disponible lors de mes cours et soirées, ainsi que sur Facebook, par téléphone et par mail, pour toute information et analyse complémentaire.

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